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L’avenir de la TNT menacé par le transfert des fréquences
Gregoire Poussielgue / Journaliste | Le 11/09 à 19:22
Le transfert aux opérateurs télécoms des fréquences 700 MHz de l’audiovisuel débutera en 2017 pour s’achever en 2019. Ses conséquences inquiètent beaucoup les acteurs de la TNT.
L’avenir de la télévision numérique terrestre est-il menacé ? Les conséquences du transfert de la bande de fréquences dite 700 MHz de l’audiovisuel aux télécoms, décidé l’année dernière par le gouvernement, suscite en tout cas les plus grandes craintes des acteurs de la TNT. En début de semaine, plusieurs d’entre eux (NetxradioTV, NRJ, L’EquipeTV, Numéro 23) ont adressé une lettre au premier ministre Manuel Valls pour exiger des assurances sur l’avenir de la TNT, qu’ils jugent menacé. Les opérateurs craignent de ne pas pouvoir créer de nouvelles chaînes ou améliorer celles qui existent déjà.
Les modalités de ce transfert de fréquences se précisent. En début de semaine, le gouvernement a acté plusieurs décisions importantes. Il a été arrêté qu’il débuterait en 2017 pour s’achever en 2019. Les enchères pour vendre les fréquences aux opérateurs télécoms débuteront de leur côté à partir de fin 2015. Le gouvernement compte sur cet argent pour financer les dépenses militaires jusqu’en 2020.
Ces décisions sont cohérentes avec le rapport rendu au début du mois par Pascal Lamy, dont les préconisations portaient sur les modalités de transfert de la bande 700 au niveau européen. Mais d’autres décisions de grande importance sont à prendre par les pouvoirs publics français, ce qui sera fait dans les prochaines semaines.
Cinq multiplexes
Ce transfert pose en effet des questions fondamentales pour l’avenir de la TNT. Privées d’une bande de fréquences, les chaînes devront se serrer sur les multiplexes qui les accueillent. Or, seule l’adoption de nouvelles normes de diffusion et de compression du signal permettront au paysage de la TNT d’être dynamique, via notamment la généralisation de la haute définition et, demain, de l’ultra haute définition. Les chaînes signataires de la lettre craignent que la TNT ne soit figée, faute d’adoption de ces nouvelles normes. Ce qui signifierait, à terme, sa ringardisation en tant que plate-forme. Elles demandent donc que le gouvernement prenne des engagements fermes pour que ces nouvelles normes soient adoptées.
Leurs inquiétudes sont d’autant plus vives que l’ANFR (Agence nationale des fréquences) propose d’organiser la TNT autour de cinq multiplexes, contre huit actuellement. «?Cinq multiplexes ne permettraient que la diffusion des chaînes actuelles dans leur format actuel, ceci sans la moindre possibilité de pouvoir passer ensuite en haute définition pour celles qui ne le sont pas encore et sans aucune possibilité de pouvoir migrer ensuite vers les nouvelles normes que nos voisins allemands lancent prochainement. Ce scénario figerait en somme la TNT dans sa configuration actuelle, en condamnant toute ambition de développement, tant pour chacun des acteurs audiovisuels concernés que pour la plate-forme TNT dans son ensemble?», insistent les signataires de la lettre.
Problèmes techniques
Le CSA est également sur cette ligne, puisque la TNT est un environnement qu’il régule. Il souhaite qu’elle reste un mode dynamique pour regarder la télévision et qu’elle continue à être plébiscitée, comme elle l’est depuis sa mise en place en 2005.
Mais l’adoption de ces nouvelles normes pose des problèmes techniques et réglementaires très lourds (notamment pour en arrêter le calendrier). Sans compter les contraintes financières, à commencer par les coûts de réaménagement des fréquences et d’accompagnement des téléspectateurs, qui devront se rééquiper.
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