Un événement inattendu vient bouleverser le climat audiovisuel de la Corse en général, et de Bastia en particulier. Depuis hier, le dernier né de la télé câblée émet ses premiers cris (et écrits) dans le berceau local : « Bastia TV », c'est aux grands mots de la mondialisation, l'écran remède de la proximité. Son géniteur, le réalisateur Jean-Patrick Costantini, n'est pas peu fier, après deux années d'une longue et douloureuse gestation, de présenter le projet éditorial de son nourrisson télévisuel. Il boit lui-même du petit-lait : « Bastia TV est une chaîne typiquement locale. Elle a pour mission d'informer 24h/24 les habitants de l'agglomération bastiaise, de refléter le plus fidèlement possible leur vie quotidienne comme le miroir du territoire local, de son actualité et de ses acteurs. C'est une télévision d'information citoyenne, à côté des gens, une fenêtre grande ouverte sur la rue, sur le familier, à la fois sur chacun des environnements proches et sur l'environnement proche de chacun ». Bastia TV n'est ni publique ni associative : c'est tout simplement la première télévision locale privée de l'île.
Une vocation prioritairement locale
Elle ne s'inscrit pas dans un esprit concurrentiel. D'abord, elle est limitée, dans sa réception, aux quelque 20 000 foyers câblés de la région bastiaise. Ensuite, c'est son caractère exclusivement local qui l'éloigne du commun de tous les autres médias insulaires : « Les thèmes et les sujets sont ciblés, plus précis et plus pointus ». Comme toutes les télévisions locales qui plantent leur décor dans le paysage audiovisuel, Bastia TV va progressivement monter en puissance au fil des mois. Aujourd'hui, son écran est habité par ce, qu'on peut appeler une mosaïque infographique mouvante et bilingue truffée d'informations réactualisées en continu : la météo, les offres d'emploi, les services d'urgence, le carnet de deuil, l'horoscope, la recette de cuisine du jour, toutes les petites infos locales mais aussi nationales avec, tout en bas, une écharpe qui déroule les principales dépêches d'agence. La culture occupe une place plus hégémonique dans la géographie de l'écran (cinéma avec bandes annonces, affiches théâtrales, concerts, actualité des sorties musicales, expositions, etc.) sans oublier tout ce qui a trait au sport. Dans un deuxième temps, au printemps, la grille va singulièrement s'étoffer avec des émissions, portraits, interviews, reportages sur le patrimoine, les quartiers, des récits de gens connus ou qui gagnent à l'être. Des magazines aussi, des événements nationaux traités sous l'angle local. Enfin, un journal quotidien d'information qui, comme le reste, passera en boucle tant et si bien qu'à un moment ou à un autre de la journée, Bastia TV sera vue par tout le monde ou presque. Et ce, gratuitement.
Internet, le réseau câblé national puis la TNT
à partir de la semaine prochaine, l'audience franchira allègrement les frontières du territoire câblé puisque Bastia TV sera accessible via Internet par toute la Corse et sa diaspora. « Avant la fin de l'année, nous avons très bon espoir, avec l'aval du CSA, de rejoindre les ondes hertziennes de la TNT et de pouvoir rayonner à l'échelle régionale, et même nationale, très prochainement, grâce à Numéricâble qui va intégrer la chaîne sur l'ensemble de son réseau hexagonal ». Quatre salariés sont actuellement aux manettes de Bastia TV qui installe son studio à Biguglia, mais il y en aura une bonne dizaine d'ici la fin de l'année avec, notamment, le recrutement de plusieurs journalistes reporters d'images. Le budget annuel devrait tourner autour de 600 000 e. Il sera alimenté par des recettes publicitaires, bien sûr, mais également par le truchement de conventions passées avec les pouvoirs institutionnels de l'île contre des offres de service. Dans l'univers télévisuel de la proximité, Bastia TV était un peu la chaîne manquante qui espère, très vite, crever l'écran.