Il obtint l’Oscar en 1977 pour le succès planétaire qui a lancé la carrière de Sylvester Stallone.
Les marches du musée de Philadelphie que Rocky Balboa monte encore et encore, la palissade de Maître Miyagi que doit repeindre le Karate Kid : John G. Avildsen n’était peut-être pas le plus grand cinéaste au monde, mais il est à l’origine d’images qui ont trouvé leur place dans le folklore du XXe siècle. Le réalisateur de deux Rocky et de trois Karate Kid est mort le 16 juin à Los Angeles d’un cancer du pancréas, a annoncé son fils. Il avait 81 ans.
John G. Avildsen est né le 21 décembre 1935 à Oak Park, dans l’Illinois. Après des études à New York, il assiste Arthur Penn sur le tournage de Mickey One (1965), Otto Preminger sur celui de Que vienne la nuit (1966). Il passe à la réalisation en 1969, avec Turn On To Love, histoire d’une ménagère qui découvre le milieu de Greenwich Village. A la frontière entre le cinéma d’exploitation, qui — comme son nom l’indique — fait ses choux gras des thèmes scandaleux du moment et les expérimentations du Nouvel Hollywood, il poursuit dans cette veine : en 1970, Joe, son premier grand succès, décrit la quête vengeresse d’un ouvrier fasciné et repoussé par les hippies. Trois ans plus tard, Sauvez le tigre, portrait d’un petit industriel qui tente une arnaque à l’assurance, vaut un Oscar d’interprétation masculine à Jack Lemmon. Avildsen connaît aussi sa part d’échecs, des films comme Okay Bill (1971) ou W.W. And the Dixie Dancekings (1975), ce dernier avec Burt Reynolds, sombrent sans laisser de trace.
L’histoire d’un boxeur de Philadelphie
Avildsen se voit proposer les scénarios de Serpico et de La Fièvre du samedi soir, mais les laisse échapper au profit, respectivement de Sidney Lumet et de John Badham. En 1975, un acteur new-yorkais qui a joué dans un film pornographique et a fait une apparition dans Bananas, de Woody Allen, propose au réalisateur l’histoire d’un boxeur de Philadelphie. Au départ, John G. Avildsen, qui n’a aucun intérêt pour le noble art, n’est pas enthousiaste. Il a raconté avoir changé d’avis après avoir lu la séquence dans laquelle Sylvester Stallone montre Rocky Balboa s’occupant de ses tortues domestiques. Dès sa sortie, en 1976 aux Etats-Unis, l’année suivante en France, Rocky est un immense succès, faisant de Stallone une star planétaire, et vaut un Oscar du meilleur réalisateur à Avildsen. Combinant les procédés les plus éprouvés du film sportif hollywoodien et une bonne dose de réalisme, le film réaffirme l’optimisme américain au moment où les Etats-Unis viennent de se retirer du Vietnam.
Dans les années qui suivent, John G. Avildsen ne parvient pas rééditer ce triomphe. Qu’il s’essaie au thriller cosmopolite (La Formule, avec Marlon Brando et George C. Scott, 1980), à la grosse comédie (Les Voisins, qui offrent en 1981 son ultime rôle à John Belushi) ou à la gaudriole (Strip Academy, 1983), ses films ne rencontrent pas une fraction du succès de Rocky.
« Karaté Kid », version mièvre de « Rocky »
Il lui faut attendre l’histoire d’un garçon malingre qui voudrait devenir champion de karaté pour renouer avec le succès. Le Moment de vérité (titre sous lequel Karate Kid est sorti en France, en 1984) est une version adolescente et mièvre de Rocky, dans laquelle Ralph Macchio prend la place de Stallone, et Pat Morita (Maître Miyagi) celle de Burgess Meredith, qui jouait l’entraîneur de Rocky Balboa. Le succès est tel qu’Avildsen réalisera deux suites, en 1986 et en 1989, et qu’il s’essaiera à la comédie sentimentale pour teenagers à la John Hughes avec Et si on le gardait, avec Molly Ringwald, en 1988.
L’année suivante, Lean On Me, histoire d’un principal de collège qui tente de remettre les élèves de son établissement sur la bonne voie, offre à Morgan Freeman l’un de ses premiers rôles de patriarche (le film est resté inédit en France). Avildsen renouera ensuite avec sa veine sportive, mettant en scène Stallone dans Rocky V en 1990, puis un boxeur sud-africain dans La Puissance de l’ange (1992) et un as du rodéo dans 8 Seconds (1994). Inferno, son dernier long-métrage, sorti en 1999, était un remake de Yojimbo, d’Akira Kurosawa, avec, en guise de Toshiro Mifune, Jean-Claude Van Damme.