Article publié hier sur Huffpost :
"Sauvons France Ô": des élus se mobilisent contre la suppression de la chaîne des Outre-mer
Ces personnalités politiques craignent de voir disparaître un lien important entre la France de l'Outre-mer et celle de métropole.
MÉDIAS - France Ô ne survivra pas à la réforme de l'audiovisuel public. Le gouvernement a annoncé jeudi 19 juillet la suppression de la chaîne des Outre-mer de la TNT dans le cadre de cette réforme. Le canal hertzien de France Ô, qui porte le numéro 19, sera libéré en 2020 et remis au CSA en vue d'une réattribution ultérieure.
Si le gouvernement assure que cette disparition se fera au profit d'un renforcement des médias publics ultramarins (le réseau des télés et radios Outre-mer 1ères) et d'un "portail numérique enrichi", la décision fait grincer des dents.
"France Ô et les Outre-mer sacrifiés sur l'autel de la finance", s'est insurgé le Collectif des salariés #SauvonsFranceÔ, dans un communiqué, dénonçant "avec la plus grande fermeté le manque de respect, de volonté et d'ambition pour les Outre-mer".
"France Ô n'a jamais été valorisée, soutenue et défendue par les directions successives" et "ne peut être la victime de directions incapables de prendre les décisions nécessaires pour améliorer la diversité sur ses antennes", déplore le collectif dont la pétition en ligne "#SauvonsFranceÔ" a pour l'heure recueilli près de 60.000 signatures.
France Ô, qui emploie environ 50 personnes et dispose d'un budget de 30 millions d'euros, a régulièrement été sur la sellette en raison de ses faibles audiences (0,6% en moyenne en 2017, 0,8% en 2016). La ministre de la Culture Françoise Nyssen avait ouvert en juin une réflexion sur l'avenir de France Ô, qui avait conduit la délégation aux Outre-mer de l'Assemblée nationale à adopter à l'unanimité une motion demandant son maintien sur la TNT.
Une décision "brutale" et "choquante"
Gabriel Serville, député divers gauche de Guyane, a dénoncé jeudi le "mépris" du gouvernement pour les Outre-Mer. "Disparition annoncée de France Ô, jusqu'où ira le mépris de ce gouvernement pour les Outremer?", s'est-il interrogé sur Twitter.
"Il faut sortir de la logique du chiffre", a-t-il ajouté en réponse à un internaute, déplorant la fin "d'un lien essentiel avec (les) régions d'origine" pour les ultramarins et d'une "extraordinaire fenêtre sur nos territoire pour les hexagonaux".
De son côté, le gouvernement estime que "la représentation des territoires et des habitants ultramarins doit trouver sa juste place au sein de l'audiovisuel public, non pas à la périphérie - comme c'est le cas aujourd'hui à travers la chaîne France Ô dont l'audience reste encore trop confidentielle, mais par une intégration au sein de la programmation de l'ensemble des autres chaînes de France Télévisions". L'idée est de proposer sur France 2 et France 3 des programmes traitant de l'Outremer à des heures de grande écoute, a précisé le ministère de la Culture.
Une contrepartie qui ne satisfait pas les élus des Outre-mer, à l'instar de la députée de la Polynésie française Maina Sage, qui partage comme d'autres élus le slogan "Sauvons France Ô".
Dans un communiqué, l'ancienne ministre socialiste des Outre-mer et actuelle députée de la Réunion Ericka Bareigts qualifie cette décision de "brutale" pour les salariés, "choquante par la date de l'annonce" en plein été, "violente par sa rapidité" et "cinglante pour la visibilité de la France océanique qui disparaîtra, de fait, des écrans de télévision d'ici 2020.
Même inquiétude chez Maud Petit, députée du Val-de-Marne, qui a grandi en Martinique. "France Ô apparaît trop facilement comme une anomalie du PAF alors qu'elle est un formidable instrument de visibilité de l'Outre mer", écrit-elle.
Babette de Rozières, cheffe à la télévision et conseillère régionale d'Île-de-France, a elle aussi dénoncé cette suppression, contre laquelle elle mettait en garde depuis plusieurs semaines dans les médias. "Je pensais qu'on allait revoir un peu la ligne éditoriale pour sauver la chaîne car il y a eu beaucoup d'incompétents à la tête de France Ô. Mais la supprimer, c'est adresser un signal très négatif à l'ensemble de la population, et pas seulement aux ultramarins", a jugé celle qui a présenté une émission pendant plusieurs années sur France Ô.
Le Mouvement radical a par ailleurs rappelé que France Ô "joue un rôle essentiel dans l'expression des spécificités, notamment culturelles, des Outre-Mer, ainsi que dans le maintien d'un lien fort entre populations des Outre-Mer et de la métropole".
Source : huffingtonpost.fr