Par AFP , publié le 18/02/2016
Paris, 18 fév 2016 - En près de dix ans à la tête de TF1, Nonce Paolini, qui quitte le groupe jeudi, a pu préserver la première place de la chaîne malgré une concurrence accrue et obtenir quelques trésors de guerre, comme l'autorisation de passer LCI en gratuit.
Pourtant, de l'aveu de ce Corse discret, arrivé à la direction générale en 2007 avant de devenir PDG en 2008, les premières années ont été compliquées.
"C'était une période de transformation. Il fallait à la fois renouveler les programmes, se renforcer sur la TNT", confiait-il sur Europe 1. "Il y a eu la crise de 2008-2009, avec des chiffres d'affaires en berne pour toutes les télévisions y compris pour TF1. Ca a été aussi un renouvellement d'équipe qui s'est fait petit à petit", ajoutait-il.
L'ancien DRH de la chaîne n'a pas hésité à évincer deux de ses vedettes: PPDA en 2008 et Claire Chazal l'année dernière.
"Qu'on ne me dise pas que c'est une question d'âge, Jean-Pierre Pernaut est là, il restera autant qu'il le voudra et que l'audience le lui permettra", a dit celui qui prend sa retraite après 30 ans passés au sein du groupe Bouygues, maison-mère de TF1.
En termes d'audience, si la chaîne a vu ses scores chuter en dix ans, passant de 30,7% en 2007 à 21,4% en moyenne en 2015, elle reste la plus regardée, surtout en prime time où elle a réalisé 98 des 100 meilleures audiences de l'année, selon Médiamétrie.
Le succès des derniers lancements ("Le Secret d'Elise", "Danse avec les Stars", reprise de "The Voice") montrent "une certaine capacité de TF1 à renouveler ses programmes", estime Philippe Bailly, du cabinet NPA Conseil.
Côté sport, face à la bataille sur les droits sportifs que se livrent les chaînes privées, "sous l'ère Paolini, TF1 est devenue plus sélective, avec une évaluation coûts/bénéfices systématique", note Philippe Bailly.
- Plus le leader à tout prix -
Signe d'un changement de culture de l'entreprise, qui ne cherche plus à être leader à tout prix, croit savoir l'analyste.
"Les précédents dirigeants estimaient que si on tenait ce rang, le chiffre d'affaires suivait naturellement. C'était valable à une époque où le marché publicitaire était à +5/+10% par an. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas", explique-t-il.
Entre l'arrivée de vingt-cinq chaînes gratuites, la concurrence des acteurs du numérique type Netflix et les changements de modes de consommation de la télévision, la situation a en effet énormément évolué en dix ans.
Pour répondre à un des nouveaux enjeux, la bataille des contenus, le groupe a racheté en novembre Newen, deuxième producteur français de fiction et troisième producteur de flux (jeux, talk shows...), ce qui va lui permettre de renforcer son catalogue et de le distribuer à l'international.
Nonce Paolini a en outre développé une stratégie multichaînes sur la TNT gratuite, avec le rachat en 2009 au groupe AB de TMC et NT1, suivi en 2012 de celui de HD1.
Viendra s'y ajouter, au plus tard en avril LCI, la chaîne d'information du groupe, qui a reçu le feu vert du CSA pour un passage en gratuit en décembre, autorisation obtenue de haute lutte et contestée par la concurrence devant le Conseil d'Etat.
"Quand j'arrive, la TNT, c'est 2,5% d'audience, aujourd'hui c'est 20%, il y a eu une révolution absolue sur ce marché et en même temps le marché publicitaire s'est effondré", raconte Nonce Paolini.
En comptant les petites chaînes, le groupe cumule une audience moyenne de 27,7% en 2015, certes derrière l'ensemble des chaînes de France Télévisions (29,2%), mais avec une moyenne d'âge plus jeune, ce qui plaît aux annonceurs: TF1 capte 46% des dépenses publicitaires totales à la télévision, presqu'autant qu'en 2007 (47%).
Le successeur de Nonce Paolini, Gilles Pélisson, devra toutefois travailler au développement du numérique, amorcé avec la refonte du portail internet MyTF1, mais qui reste faible face à la concurrence.