Après de multiples retards, la télévision sur téléphone mobi

[almanat]

Pendant que la télévision numérique terrestre (TNT) est en plein boom, la télévision mobile personnelle (TMP), - c'est-à-dire la réception de la télévision sur les téléphones mobiles - accumule les retards. Ni les opérateurs ni les diffuseurs ne veulent en effet payer pour son lancement. Surtout sans l'espoir de bénéficier de recettes, notamment publicitaires, en retour.
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Mais le temps presse. Selon la loi votée en 2007, la TMP doit couvrir 30 % du territoire dans les trois ans. A défaut d'y parvenir, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pourrait remettre en cause les 16 fréquences attribuées. Cyrille Viguier, le médiateur nommé par le premier ministre François Fillon, veut pourtant y croire. "La TMP, cela marche !", se récrie-t-il. Pour preuve, selon lui, "en un mois 1 million d'applications permettant de regarder la télévision sur l'iPhone d'Apple ont été téléchargées". Et un bon nombre d'abonnés reçoivent la télévision via ce téléphone.

M. Viguier va remettre à Matignon dans les prochains jours ses "préconisations" pour lancer la TMP. Cela pourrait se faire "début juin", assure le médiateur. La commercialisation interviendrait alors à la rentrée dans les grandes agglomérations.

D'ici là, M. Viguier veut "revoir une dernière fois les opérateurs, tels Orange et SFR, mais aussi les éditeurs" et le CSA. Car pour sortir de l'ornière, le médiateur envisage de faire payer les opérateurs. Dans un premier temps, l'effort financier des Orange, SFR ou Bouygues devraient s'élever à 25 millions d'euros.

En contrepartie, M. Viguier prône de la souplesse dans le déploiement de la technologie afin d'atteindre 30 % de couverture d'ici trois ans. Il soutient que "les opérateurs ont un intérêt objectif et financier à développer la TMP". A cause du succès de la vidéo "les réseaux 3G (la norme de téléphonie mobile de troisième génération) seront saturés d'ici six à huit mois". Or c'est justement le boom de la télévision via cette technologie 3G qui pourrait donner un coup de pouce au lancement de la TMP, car cette dernière autorise un potentiel de développement que ne permet pas la 3G.

M. Viguier propose donc de laisser aux "opérateurs le soin de fixer les normes techniques". La norme "DVBH" retenue jusqu'alors pourrait même laisser la place au "DVBSH", qui permet une diffusion par satellite réputée moins onéreuse. L'économie à la clef serait de près de 30 % par rapport à la norme actuelle.

L'autre préconisation du médiateur concerne la création d'un "multiplex". Il s'agirait d'une société commune qui regrouperait les opérateurs et les diffuseurs de la TMP. Elle pourrait aussi accueillir, au fur et à mesure, les nouvelles chaînes et les services qui viendront renforcer l'offre de la TMP. Notamment, ceux qui manifestent encore aujourd'hui quelques réticences. Selon M. Viguier, ce "multiplex" permettrait d'interdire tout recours futur d'un opérateur devant l'Autorité de la concurrence. Les éventuels conflits qui pourraient voir le jour devraient alors se régler au sein même du conseil d'administration du "multiplex".

Le lancement d'un nouvel appel à candidatures pour une fréquence supplémentaire est l'autre mesure prônée par M. Viguier. A défaut, le médiateur propose qu'une des trois fréquences préemptées par l'Etat soit transformée en "canal partagé". Notamment à destination des éditeurs de presse. Pour financer les contenus de la TMP, le médiateur invite ces derniers à utiliser les futures aides au numérique qui ont été promises à la suite des Etats généraux de la presse .

Source lemonde.fr