Pas de date fixée par le CSA.
Alt : 420m. PAR : 1,5kW.
R1 : 57.
R2 : 59
R3 : 62
R4 : 54
R5 : 48
R6 : 36.
TNT : les pionniers du numérique et les condamnés à l'analogique
Depuis belle lurette, les prospectus des vendeurs de télé nous proposent des boîtiers pour recevoir la TNT. Mais jamais il n'est précisé que le Bocage est le grand oublié du numérique…
Ah ! La télévision numérique terrestre. Cette fameuse TNT, avec ses dix-huit chaînes gratuites, devait révolutionner le paysage audiovisuel français, en mettant la qualité numérique à la portée de toutes les chaumières. Mais ça, c'était le rêve version CSA. Et les prospectus qui plombent nos boîtes à lettres contribuent à relayer cette image paradisiaque, en nous invitant à acheter le boîtier magique. La réalité est pourtant moins glorieuse et le Bocage est un peu le grand oublié de la TNT. Il suffit de regarder la carte de France des zones de réception de la TNT pour mesurer l'ampleur de la fracture numérique : alors que le sud du département baigne dans un bleu azuréen, signalant une bonne couverture de la TNT, le Bocage semble couvert par un cyclone blanc, indiquant une absence de réception…
Ce n'est pas une surprise. Depuis le 31 mars 2005, l'émetteur TDF de Maisonnais, près de Melle, diffuse les chaînes de la TNT. En revanche, le réémetteur d'Amailloux, créé pour offrir un signal de bonne qualité au nord du département, ne relaie pas cette offre numérique. Et la direction TDF de Toulouse confirme qu'aucune date n'est encore fixée pour que l'équipement d'Amailloux se mette à la TNT. S'il s'y met un jour…
Disparités géographiques
Bref, la TNT, c'est un peu comme Internet, il ne faut pas habiter en zone rurale. A ceci près que quelques habitants du Bocage peuvent tout de même profiter de cette manne hertzienne : « Ceux qui sont au sud de la Chapelle-Saint-Laurent peuvent pointer leur antenne vers Maisonnais et recevoir la TNT. C'est pareil pour ceux qui sont près de la Vendée, du côté de Mauléon par exemple, qui peuvent recevoir par l'émetteur de Nantes. En revanche, à Bressuire, on est coincé ! », regrette El Mostafa Mouhib, un spécialiste de la télévision, dans son magasin de la place Charles-De-Gaulle.
« Sur la carte de réception, on voit bien qu'il y a des franges : on peut recevoir la TNT à un endroit et quelques kilomètres plus loin, ce sera impossible, poursuit El Mostafa Mouhib. Avec les six chaînes analogiques, il y avait des degrés de réception : on pouvait avoir une bonne image ou une image neigeuse selon l'endroit où on était placé. Avec le numérique, c'est tout ou rien. Et ça ne sert à rien d'ajouter des amplificateurs, car ils ne sont pas sélectifs… » La seule vraie solution, c'est d'obtenir que le réémetteur d'Amailloux diffuse lui aussi ces nouvelles chaînes.
« La TNT a beaucoup de charme. Même si leur contenu ne vaut pas celui d'un bouquet satellite, c'est quand même une vingtaine de chaînes gratuites, ajoute El Mostafa Mouhib. Et avec un investissement limité puisqu'on peut avoir des boîtiers TNT à 50 €. C'est pourquoi le consommateur l'attendait, les commerçants comme nous aussi… D'autant plus que les bouquets comme TPS ou Canal-Sat sont quand même chers… »
Dans ce contexte, on peut s'étonner de voir TDF laisser traîner la situation. Le Bocage n'est quand même pas une zone de haute montagne, avec trois habitants tous les dix kilomètres carrés ! Dans ce nord Deux-Sèvres, c'est tout de même une zone de 50 à 70.000 personnes qui est maintenue à l'écart de cette évolution technologique. L'équivalent de la population niortaise. Mais c'est peut-être un sujet qui mériterait un brin de mobilisation des élus, notamment des parlementaires. D'autant plus qu'avec la TNT, tout le monde pourrait apprécier leur travail sur le canal 13…
Éric BERBUDEAU