Jérôme Clément rêve de mondialiser ArteLE MONDE | 23.02.06 | 13h57 • Mis à jour le 23.02.06 | 13h57
Candidat déclaré à sa propre succession à la présidence d'Arte France, Jérôme Clément fait une campagne discrète pour un nouveau mandat de quatre ans. La décision doit être prise le 20 mars par le conseil d'administration de la chaîne, composé des représentants de l'Etat, de France Télévisions, de Radio France et de l'INA, avant d'être entérinée par le gouvernement.
Sans rival officiellement déclaré - les noms de deux anciens ministres de la culture chiraquiens, Jacques Toubon et Jean-Jacques Aillagon, circulent, mais les intéressés n'ont pas confirmé - et sans procédure d'appel à candidatures par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), en raison du statut franco-allemand de la chaîne, M. Clément table sur sa reconduction à la tête d'Arte France. Sa candidature est soutenue notamment par France Télévisions. La présidence du GEIE Arte, qui fait fonction de holding franco-allemande, échoira, elle, à un Allemand.
Depuis quinze ans, cet énarque de 60 ans, marqué à gauche (il fut conseiller technique au cabinet de Pierre Mauroy à Matignon entre 1981 et 1984), a traversé sans encombres toutes les turbulences politiques à la tête de la télévision culturelle franco-allemande voulue par François Mitterrand et Helmut Kohl. "Je me représente par conviction, car Arte est le seul grand projet culturel européen, dit M. Clément. Le pari de cette chaîne bilingue est aujourd'hui une réussite et la durée permet de construire sur des sujets complexes et difficiles."
M. Clément s'emploie à pérenniser l'existence d'Arte, en l'inscrivant dans l'ensemble des nouveaux canaux de diffusion. La chaîne culturelle est ainsi présente sur la télévision numérique terrestre (TNT), où elle découvre les contraintes d'une diffusion 24 heures sur 24, qui dilue son audience, jusqu'ici mesurée sur la seule tranche nocturne (19 h-3 h), celle où elle est disponible sur le hertzien, en partage avec France 5.
Jeudi 23 février, M. Clément devait lancer officiellement Artevod, le nouveau service de vidéo à la demande (VOD) de la chaîne, via un téléchargement sur Internet (
www.artevod.com). Dès la fin de cette semaine, Artevod proposera ainsi plus de 400 programmes en téléchargement locatif (droit d'usage à durée limitée et non acquisition de vidéos). La sélection d'Arte sera composée de documentaires, fictions, magazines, spectacles vivants, films, qui seront disponibles contre un paiement variant de 1 à 4 euros.
"Cette démarche s'inscrit dans la continuité de notre ligne éditoriale, dit M. Clément. Après Arte Radio, la VOD est une offre complémentaire qui nous permet de toucher un public plus jeune, familier d'Internet et du peer to peer." Le coût de ce nouveau service serait, selon M. Clément, réduit à un "investissement de matière grise" mais pose un problème de droits qui nécessitent des négociations au cas par cas avec les auteurs.
Malgré un budget stable de 208 millions d'euros pour 2006, Arte entend poursuivre ses déclinaisons à l'étranger. Après le lancement à la fin de l'année de "BelArte" en Belgique, M. Clément négocie avec le gouvernement espagnol la création de Arte Espana. Cette future chaîne qui pourrait être dotée d'un budget de 70 millions d'euros, permettrait à Arte de s'implanter sur le marché plus vaste de l'Amérique latine.
Pascal Galinier et Daniel Psenny
Article paru dans l'édition du 24.02.06
Une question/remarque: Plusieurs chaines diffusent en AC3, même France 4 pour qq spectacles. Pourquoi Arte ne teste ce son pour ses evénements classiques: concert nouvel an opéras année Mozart etc.. ?
