Bonsoir,
Les propos qu'a tenus M. A. Weill doivent être interprétés au regard de sa fonction de PDG de SFR, et donc du groupe BFM. Par conséquent, il est probable que ceux-ci soient guidés par le souhait de consolider les revenus de son groupe, et qu'à ce titre son analyse le conduise à ne pas espérer l'essor du DAB+ en France. En effet, davantage de radio émises, et recevables sur un transistor où il suffit d'appuyer sur OFF/ON, c'est mathématiquement moins des recettes publicitaires captées par RMC Info, et BFM Business. Et in fine, moins de dividendes versées par son groupe envers ses actionnaires, dont le premier d'entre eux...
Par ailleurs, il ne suffit pas de croire ardemment que l'avènement de la radio numérique ne se produira pas en France pour que précisément il ne survienne pas. Cela me rappelle, d'une certaine manière, la position de SFR, lorsqu'un troisième opérateur de la téléphonie mobile est apparue : point de place pour un quatrième. On connaît la suite... Free...
M. Weill doute sur l'éventualité que les Français soient au final tentés d'acquérir un poste de radio DAB+. Et de s'interroger sur la crise (sanitaire) comme un évènement non propice au financement du réseau DAB+. Et enfin de conclure que la radio numérique existe d'ores et déjà, par le truchement d'un smartphone connecté en 4G.
Je trouve toujours surprenant de se représenter la population française comme un groupe humain homogène, financièrement, socialement, géographiquement... ayant les goûts de Paris.... et d'omettre que les citoyens français peuvent être chez eux, en voiture tout en étant pour certains très attachés à leur vieux postes radio.
Comme je l'ai écrit sur un autre fil, l'autoradio DAB+ qui sera obligatoirement installé dans toute voiture neuve commercialisée à partir de la fin de cette année constituera le véritable coup d'envoi. C'est ainsi que de plus en plus de Français disposeront d'un récepteur DAB+, et apprendront à en connaître et apprécier les quelques avantages par rapport à la FM.
Il est un autre aspect à considérer : c'est la différence de qualité sonore entre un smartphone, et un récepteur radio de bonne facture. D'un côté un son mièvre et plat, de l'autre un son avec du relief et de la consistance !
Je pourrais également ajouter la facilité consistant à activer un programme sur son récepteur radio : quasiment une seule opération manuelle en deux secondes. Sur un smartphone, c'est singulièrement plus compliqué, surtout si on doit préparer le déjeuner et les bons petits plats qui seront servis...
Il est un point sur le lequel je rejoins M. Weill : il ne faut pas comparer la radio numérique à la TNT, mais à la FM. Et avec malice, j'ajouterais que l'on pourrait aussi la comparer à l'émission de RMC sur 216 KHz. Mais cela, c'était avant... il est piquant de constater que le même participait au quarantième anniversaire de l'émetteur de Roumoules
https://dev.monacohebdo.mc/actualites/s ... sionnaire/Autre élément avéré : l'offre des programmes (nationaux) radiophoniques est très significativement plus élevée, depuis une vingtaine d'années en France qu'en Allemagne, Suisse, Royaume-Uni.
Rien que dans mon secteur, sur Clermont-Ferrand, ce sont 21 radios de couverture nationale que l'on peut entendre, ainsi que 6 programmes du service public (il ne manque que FIP, que j'échangerais sans problème contre le Mouv').
Restent enfin 4 réseaux régionaux, et 4 (bientôt 5) radios locales.
La DAB+ apportera de nouvelles radios. Certes. Mais est-ce que le public intéressé par ces nouvelles radios achètera-t-il un récepteur DAB+, ou fera-t-il le choix de se servir de son smartphone, lequel fonctionnera sur l'ensemble du territoire en roulant grâce à l'achèvement national de la 4G ? Cela dépendra certainement de la tranche d'âge à laquelle les nouvelles radios s'adresseront.
Personnellement, j'ai branché une enceinte à un petit PC Asus dans le garage qui fait également office de salle de sport : je peux écouter à ma guise le programme radiophonique (Radio Cagnac, et non plus Variance FM que j'ai définitivement laissé tomber)... Et même si Variance FM devait émettre prochainement en DAB+, et que je sois à nouveau satisfait par ses programmes musicaux, je n'aurais pas pour autant forcément l'envie d'acheter un récepteur DAB+... De la même manière, dans un village reculé de l'Aveyron où je me rends désormais, l'écoute de F Info est très désagréable en FM (nombreux échos), et impossible en ondes moyennes puisque l'émetteur de Toulouse 945 KHz a été débranché : là encore j'ai relié une vieille tablette avec une enceinte.
N'étant point doté de dons en voyance, je suis bien incapable de prévoir si la DAB+ aura atteint une vitesse suffisante pour échapper aux différences forces hostiles dans les prochaines années. En fait, je pense que le salut de la RNT pourrait définitivement venir, dans les années 2030, si la France (comme la Norvège et bientôt la Suisse) faisait le choix d'éteindre les émetteurs FM, et de libérer le spectre entre 87,5 et 108 MHz, soit une bande d'une vingtaine de MHz. Au passage, le DAB+ s'étale sur 65 MHz entre 175 et 240 MHz. A cet égard, 20 MHz cela représente environ 10 multiplex DAB, soit potentiellement 100 programmes... avec une qualité au moins égale, si ce n'est supérieure à la FM dès lors que le débit est de 108 Kbit/seconde.
En conclusion : si des récepteurs DAB étaient prochainement commercialisés à partir de 10 €, voire 20 €, je ne verrais pas pourquoi ceux-ci ne se vendraient pas comme des petits pains. On pourrait même imaginer qu'une partie de la redevance audiovisuelle permette le financement de récepteurs DAB+ distribués gracieusement par la poste
aux foyers fiscaux ne payant pas l'impôt sur le revenu. Et cela d'autant plus, si j'ai bien compris et bien lu, que les frais d'émission en radio numérique sont plus faibles que ceux des émetteurs FM. En clair, la France fera appel aux services manufacturiers de la Chine pour importer des récepteurs DAB+ dont le coût ne dépassera pas 3 ou 4 €... Et contre cela, le groupe BFM / SFR, et son PDG, n'y pourront rien.
A suivre.