Un répéteur TNT dans le clocher de Dasle pour capter les chaînes suisses
À 27 mètres du sol, dans le clocher du temple à Dasle, Patrick et Kleven Bourquin, père et fils, ont installé
la centrale de filtrage de l’émetteur répéteur imaginé et conçu par leurs soins. Photo Françoise Jeanparis
Depuis que le village de Dasle a basculé dans l’ère de la télévision tout numérique, la population ne capte plus les chaînes suisses. Patrick et Kleven Bourquin ont volé à son secours. Le père et le fils ont conçu un émetteur TNT original, « premier du genre en France », niché depuis vendredi dans le clocher du temple de Dasle. Et ça marche cinq sur cinq.
Être privé de la télé suisse quand on habite à deux pas du territoire helvétique, « c’est un comble » pour les 1 500 habitants de Dasle. « Bonjour le progrès et merci au numérique », plaisantent les Daslois qui depuis plusieurs mois la trouvaient saumâtre.
Ça râlait dans les chaumières
Depuis le passage à la TNT, impossible de recevoir les quatre chaînes suisses. Pour le coup, ça râlait dans les chaumières. Le maire Marcel Beauseigneur a pris le taureau par les cornes. Plutôt l’antenne par les râteaux. La solution technique a été apportée sur le plateau de l’innovation technologique par les voisins beaucourtois Patrick Bourquin de la société Télé équipement épaulé par son fils Kleven, micro-entrepreneur aux commandes de BA + ( Beaucourt antenne plus). Passionné par les nouvelles technologies numériques, le duo a imaginé et conçu un émetteur original. « Plus précisément un répéteur TNT ». Ou transpondeur, nom donné au réémetteur embarqué à bord des satellites dont la fonction est de retransmettre les signaux reçus de la station de montée vers une partie précise du globe. C’est le même principe qui est utilisé.
Ni vu, ni connu
« Avec le temple planté au centre du village et son clocher à 27 mètres du sol, on disposait du site stratégique pour installer l’émetteur répéteur avec sa centrale de filtrage », explique Patrick Bourquin. « Bien mieux qu’un immense pylône qui défigure le paysage. Ici rien est apparent. Toute l’installation se trouve à l’intérieur même du clocher », ajoute Kleven. Des tests ont été conduits. Concluants. Depuis vendredi, le système est opérationnel. L’ensemble du village capte les chaînes suisses. Avec un petit couac dimanche. Indépendant de la volonté des concepteurs du répéteur « unique du genre en France ». La faute à l’armada de pigeons qui squattent le clocher. À preuve les fientes qui recouvrent les vieux escaliers menant au clocher de l’édifice construit en 1874. Sûr que la centrale et les volatiles ne vont pas roucouler sur le credo de la cohabitation harmonieuse. « Il va falloir poser des filets pour protéger l’installation », constate Patrick Bourquin. Il connaît bien ce temple. Il avait 16 ans dans les années 60 quand, alors apprenti, il est venu avec son père électricien pour des travaux. « Nous avons découvert 16 grenades dans le clocher. Elles y avaient été planquées par les résistants pendant la dernière guerre. Le quartier a été bouclé le temps que le service de déminage intervienne », se souvient-il. Point de grenade cette fois mais un clocher qui permet aux Saute-boyet de pénétrer enfin les voix… du tout numérique.
le 14/12/2011 à 05:00 par Françoise Jeanparis
source : www.lepays.fr